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La Répartition du travail
La répartition du travail des animateurs qui existent dans l'industrie de l'animation s'effectue différemment au Japon. S'il existe bien un character designer, un mechanical designer, un background designer qui donne l'orientation générale du design des différentes composantes dont ils s'occupent dans une oeuvre animée, la manière dont le travail s'effectue au niveau de la production effective des images est différente selon les pays. En Amérique du Nord ou en Europe, du moins sur les grosses productions de films d'animation, les animateurs se voient attribués des éléments qu'ils doivent prendre en charge du début à la fin du film. Untel prendra en charge l'animation du héros, unetelle celle du méchant, et ce pour toutes les séquences du film du début à la fin. Il y a donc homogénéité des éléments par rapport à eux-mêmes sur la longueur, avec une légère hétérogénéité entre eux, même si tous les travaux préliminaires sur l'oeuvre ont pour but de réduire cette hétérogénéité. De plus la somme des homogénéités sur la longueur que déploie l'oeuvre animée tend à réduire le caractère hétérogène de leur juxtaposition, puisque ce caractère se retrouvera, de fait, tout au long du film.
Au Japon, la méthode de travail est tout autre. Si les méthodes préliminaires de préparation au travail des animateurs fonctionnent de manière identique (postes clés tout aussi importants, voire plus), la répartition du travail des animateurs ne se fait pas par éléments nécessitant une animation. Les animateurs japonais se retrouvent en charge d'une séquence entière du film (parfois plusieurs), dont ils ont la charge, y compris jusque dans leurs moindres détails. Ainsi, le héros, le méchant, les véhicules seront animés « différemment » selon les séquences, puisque animés par un artiste différent sur chacune d'entre elles. Evidemment, un travail d'harmonisation est effectué et c'est le rôle du directeur de l'animation de le faire, mais il est malgré tout possible pour l'oeil aguerri de reconnaître la patte de tel ou tel animateur lors d'une séquence donnée. Cette homogénéité de la séquence entraîne de manière quasi incontournable une hétérogénéité du film dans sa continuité, ce qui fait des oeuvres du DAN des singularités toutes particulières dans le cinéma d'animation international. Cela étant dit, l'hétérogénéité est plus ou moins frappante selon les réalisateurs, qui peuvent vouloir imposer une esthétique draconienne quant à l'émergence de visions propres à chaque animateur. Si ce fait est plus visible dans les séries TV et les OAVs, il l'est moins dans les longs métrages. Parallèlement, certains réalisateurs prenant en charge un nombre très important de postes-clés (comme UMETSU Yasuomi – A Kite –1998), voire s'occupent de toute l'animation (cas exceptionnel du réalisateur de Hoshi no Koe, SHINKAI Makoto – 2002) et ne laissent ainsi pas la place à ce genre de manifestations. A l'inverse, dans son dernier film Tokyo Godfathers (2003), KON Satoshi a laissé de la marge à l'un de ses animateurs préférés lors d'une des dernières séquences du film, où le style particulier de cet animateur est particulièrement visible, style qui avait fait beaucoup parlé de lui dans un précédent film de KON, Perfect Blue (Image 1).
Image 1. Le character design et l'animation particulière de Mima Kirigoe dans Perfect Blue (KON Satoshi, 1997).